
Audrée et moi rêvions d’avoir notre entreprise depuis presque 10 ans. Toutes ces années, nous en avons discuté durant des centaines d’heures. Nous avons élaboré une dizaine de projets. Nous avons tellement rêvé…
Il a toujours été clair que notre entreprise devait impérativement être en accord avec nos valeurs: L’équité, le respect, l’empathie, le partage des richesses, la défense des droits des travailleurs, le souci d’améliorer les conditions de vie de la prochaine génération, la fierté d’être québécoises et l’importance de la langue française. Ces principes, inculqués par nos parents, ont bercé notre enfance et notre adolescence. Ces valeurs sont tellement ancrées en nous, elles allaient assurément être le fondement de notre entreprise…
Bref, nous avons décidé d’ouvrir une boutique qui mettrait en lumière les produits fabriqués au Québec. Les foodies en nous avaient envie de rendre accessibles les délices du terroir provenant de diverses régions de notre belle province. Puis, nous avons pensé : Il serait génial d’ajouter à cela des accessoires de cuisine faits à la main de façon écoresponsable!
Et c’est là que nous avons été happées par la vague Zéro Déchet! Les sacs à sandwichs réutilisables et l’emballage alimentaire écologique nous semblaient tellement plus appropriés que des bébelles de cuisine inutiles!
À ce moment, on ne se doutait pas que le mouvement Zéro Déchet allait prendre de l’ampleur. Jamais nous n’avons pensé que notre entreprise, de par ses valeurs écoresponsables, allait prendre part au tsunami de prise de conscience collective qui a lieu actuellement.

Rapidement, c’est devenu une évidence : Notre entreprise n’était pas seulement un commerce, elle était aussi un outil concret pour changer les choses, pour agir, pour conscientiser, pour éduquer et surtout, pour partager nos valeurs environnementales.
Sans trop s’en rendre compte, nous avons bâti un projet qui regroupait ce qui nous tient à cœur, et qui, en même temps, évoque de si beaux souvenirs d’enfance. Impossible de vous les raconter ici! En quelques mots, je parle de papa et maman, qui se sont battus pour le respect sous toutes ses formes. Je pense aussi à grand-maman qui alimente son compost, puis qui se tourne vers les plans de framboises pour m’offrir une ‘’framboise pas lavée, avec peut-être un p’tit ver, mais c’est pas grave, c’est bourré de protéines’’.
Du plus loin que je me souvienne, je n’ai jamais participé à une manifestation sans verser une larme. Non pas pour la cause. Mais plutôt parce que le fait de voir autant de gens unis, forts, décidés, convaincus, et surtout, remplis d’espoir, m’a toujours émue au plus au point.

Tout ça pour vous dire que le 15 mars, la boutique sera fermée.
Nous serons dans la rue. Nous participerons à la grève mondiale pour le climat. Nous irons crier de toutes nos forces, avec l’espoir que les choses changent. Avec l’espoir que nos enfants et nos petits enfants mangent, eux aussi, des framboises pas lavées avec des p’tits vers bourrés de protéines.